Jour 154, Avignon, 10.763 km
Et voilà, tout doucement, on arrive à la moitié du voyage. 5 mois déjà que je suis parti sous le soleil à Hambourg, et j’ai fini par arriver en Avignon (je me suis laissé dire que les puristes de la langue française n’arrivent pas à Avignon mais en Avignon… Même si c’est à vélo…). Et comme Jay commençait un peu à tirer la langue (je casse un rayon tous les deux jours en ce moment), je me suis décidé à lui offrir une nouvelle roue pour Noël, ce qui me force à rester un peu plus longtemps que prévu chez mon oncle et ma tante avant de repartir pour l’Espagne. Le plan de passer le nouvel an à Barcelone tombe donc à l’eau, ce qui était plus ou moins annoncé de toute manière à cause de ce satané virus… Bref, départ espéré début janvier mais encore rien de certain pour le moment…
Mais je vous avais laissé à Toulouse la bouche pleine de raclette… J’ai donc bien profité de ces quelques jours dans la ville rose pour voir les copains et la famille, admirer une séquence de rugby champagne du Stade Toulousain, faire un petit pèlerinage rue de l’Étoile (colloc étudiante), discuter avec la prochaine génération d’ingénieurs Supaéro, rencontrer plein de bébés, visiter une maison en chantier, découvrir la charmante petite bourgade de Gragnagues et surtout vider les frigos et les caves de mes hôtes… un régal !

Mais toutes les bonnes choses ayant un début, je reprends la route pour rejoindre Chantal et Olivier, les prochains membres de la famille sur ma liste de visites, à Saint Thibéry. Je prends tellement mon temps que je ne pars que vers midi… On se relâche un peu monsieur Lunet, me dit Jay… Début d’étape agréable, j’ai chaud pour la première fois depuis que je suis reparti de chez mes parents. Tout se passe bien jusqu’à Lavaur (joli pont d’ailleurs) puis je crève. La roue avant pour changer. Pendant que je répare le vent se lève. Super. Et il souffle fort en plus. Je baisse la tête et j’appuie sur les pédales. Au niveau de Castres, je me réjouis de trouver une voie verte, la Passa Païs, qui doit quasiment m’amener à destination. J’imagine des arbres pour me protéger du vent, une petite route tranquille loin des voitures, un truc sympa quoi… Mais quelle erreur… Il aurait dû s’en douter… J’ai le droit à une superbe départementale bien bondée, la nuit qui commence à tomber, et toujours un petit vent de face bien mesquin jusqu’à Mazamet. Génial. Ensuite ça s’arrange un peu mais il fait nuit noire, les piles de ma lampe frontale ne sont pas bien vaillantes et je vois à peine à un mètre devant moi. Je commence à chercher un endroit pour m’arrêter. Je regarde à droite : paroi rocheuse à pic. A gauche : pareil… Je continue un peu et finit par trouver un petit coin abrité du vent. Parfait !
Le lendemain, ma bonbonne de gaz se termine au moment où l’eau de mon thé se met à bouillir. Facile. La pluie commence à tomber au moment où je remonte sur le vélo. Moins facile. Mais je dors au sec ce soir. Facile quand même. Les paysages sont superbes, je croise un fleuve tous les kilomètres, j’ai de superbes points de vue sur les collines aux alentours assaillies de nuages, sur les villages nichés dans la vallée, je me régale !



La fin de l’étape est un peu longue, j’en ai un peu marre d’être mouillé malgré les exhortations de mon moi intérieur et je suis bien content d’arriver. La douche, le casse-croûte, le dîner et les discussions qui m’attendent n’en sont que plus agréables. Olivier me dit notamment : « Fais attention si la route est inondée, ne cherche pas à passer à tout prix ». Banco ! Le lendemain, je n’ai pas fait un kilomètre que je vois de l’eau sur la route. Je passe une première flaque. Je me lance dans la deuxième, j’ai les pieds dans l’eau au bout de 10 mètres. Mauvaise idée. Heureusement, un autre cycliste me montre une voie ferrée qui surplombe la route et qui semble être au sec. Au vu de ce que je peux observer depuis mon perchoir, j’ai bien fait de ne pas insister !!

Je continue donc ma route, trempé mais content. Il fait beau, il commence même à faire chaud ! Et en plus j’arrive à la mer. Sous le soleil. Le rêve. La piste cyclable longe la plage. Pas très abritée du coup mais la vue en vaut la peine. Je passe par Palavas-les-flots, La Grande Motte : il me suffit de fermer les yeux pour imaginer les hordes de vacanciers, les embouteillages monstres, pare choc contre pare choc, mais là, personne. Juste Jay, Bob et moi, et la petite mamie occasionnelle qui fait sa promenade de l’après-midi. Et le soleil (je sais que j’insiste beaucoup sur le soleil mais ça faisait un petit moment que je ne l’avais pas vu…).

Je suis la piste cyclable, et mon ombre me suit (j’avais presque oublié qu’elle existait celle-là). Aigues-Mortes. Ma montre m’indique une altitude de -10 mètres. Je me dis qu’il va falloir marquer cette endroit d’une pierre blanche pour les futur(e)s pélurin(e)s comme le point le plus bas du voyage. Google n’est malheureusement pas d’accord, on est à peu près au niveau de la mer. Raté.


La route continue le long du canal du Rhône à Sète, en Camargue. Un régal. Les forêts de pins sur les côtés de la route me donnent envie de m’y arrêter pour dormir. Je croise des oiseaux, des étangs, des tours, des taureaux et même des gens, j’ai l’impression d’être à nouveau en été. Je me retrouve au milieu des étangs : je passe 15 minutes à m’arrêter tous les 10 mètres pour faire une photo. Puis une heure et demie, vent de face et en ligne droite à sortir des étangs. Ça fait cher les photos… Le soleil se couche dans mon dos, le vent est un peu tombé, une belle journée qui se termine. Je passe Arles et m’arrête dans un petit village juste après dans le stade municipal (on m’a dit que c’était le summum pour le camping sauvage, on va donc tester !)



22:00. Une lampe éclaire ma tente. Je sors la tête : « Bonsoir ! – Bonsoir, c’est la Gendarmerie. Ne vous inquiétez pas on n’est pas là pour voler votre vélo ». Sympa ces gendarmes, tout de suite rassurants. « Vous êtes de passage ? » Non pas du tout, j’ai racheté ces 4 m² de pelouse pour m’y installer. « Vous repartez demain ? – Oui, vers 8h – Très bien, bonne soirée alors » Soit ils faisaient un peu de zèle, soit on m’a vu et dénoncé. Je commence à me demander si quelqu’un ne va pas vraiment venir pour voler mon vélo. Du coup je l’attache.
22:30. J’entends des bruits de pas autour de la tente. Je ressors la tête : « Bonsoir ! Bonsoir » Un jeune, survèt, baskets, casquette « Les gendarmes tournent ici, je voulais vous prévenir. – C’est gentil, ils sont déjà passés. – Faites attention à vous » Ça fait vraiment trop de monde qui s’intéresse à moi. J’attache Jay à une barrière. Et je me réveille quasiment toutes les deux heures pour vérifier s’il est toujours là. Au petit matin il n’est pas parti, ouf… Bilan : c’est vrai qu’on dort bien au stade, en revanche je me trouverai un village un peu plus petit la prochaine fois pour éviter les visites nocturnes…
Le lendemain je cherche (encore) un réparateur pour un rayon. J’en trouve un à Salon de Provence. Comme mon oncle Jean-Claude me l’avait dit, ce n’est pas le plus beau tronçon du voyage : une autoroute à gauche, des cailloux à droite, et du vent devant. Tout droit pendant 20 kilomètres. En plus, en arrivant à Salon, le type me dit qu’il n’a pas le temps. Pas grave, j’en trouve un autre à Venelles, juste à côté de chez ma tante Sylvie où je suis attendu pour le déjeuner. La route serpente au milieu des oliviers, j’ai les montagnes à ma droite et à ma gauche et même si le ciel est gris il ne pleut toujours pas. Je retrouve Sylvie, les cousines et Mamie pour le déjeuner avant de me remettre en route vers Avignon.
J’entame par une grosse côte (avec le ventre plein c’est génial) puis une loooooooooongue descente avant de suivre le canal de la Durance. Vent dans le dos, sur le plat, ça roule bien. Les Alpilles à ma droite et le soleil dans les yeux. Puis je traverse la Durance et je longe le Lubéron. C’est superbe. Ça grimpe un peu dans la forêt mais pas trop non plus. Je suis censé retrouver Jean-Claude à Caumont-sur-Durance, du coup je me fais un petit contre-la-montre entre Cavaillon et Caumont : plus de 30 km/h de moyenne et les jambes bien lourdes, je retrouve mon cher oncle pour finir l’étape et arriver en Avignon.




Repos maintenant, avec un nouveau départ en janvier, en fonction de l’évolution des mesures de confinement et de la santé de mon cher Jay. D’ici là, joyeux Noël à tous !!!

Joyeux Noël Péluche!
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Aïe le réveillon qui tombe à l’eau. Mauuudit virus !!
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Aah la Méditerranée, du soleil, de la douceur, un peu de vent… conditions parfaites pour un cycliste. Bonnes fêtes mon Peter
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