Jour 89, Bruxelles, 7.139 km
On m’avait prévenu : « ouhla, le Nord au mois d’octobre, tu vas douiller… ». Vu que je suis un peu têtu (je me demande de qui je tiens ça), je me suis trouvé tout plein d’excuses pour y aller quand même (de toute façon, si je voulais voir tout le monde, je n’avais pas vraiment le choix, et puis mieux vaut octobre que janvier, etc. etc.) et ça y est : j’ai atteint le point le plus au Nord du voyage pour cet hiver : Bruxelles. Et comme on me l’avait dit, il a fait froid, il a plu, il y a eu du vent… C’est globalement moins agréable que de rouler l’été mais ça tout le monde le savait déjà…
Je pars donc de Francfort vendredi matin, sous un vrai déluge. Comme je m’y attendais, je ne me formalise pas et décide d’ignorer totalement le fait que je sois mouillé (l’équipement intégral, y compris les sur-chaussures, contribue pour beaucoup). Je longe le Main, c’est plat, rien qui ne sorte de l’ordinaire, hormis une usine de temps en temps… Et il pleut toujours. Fort même. Mais comme j’ai décidé de ne pas être mouillé ça va. J’arrive à Mayence, où je rejoins le Rhin. Rien de particulier à signaler non plus (pour être honnête, je n’ai pas creusé plus que ça)… Je continue à longer le Rhin et commence à penser que les pauvres allemands n’ont pas été gâtés par la nature : même les bords du fleuve restent d’une monotonie soporifique (heureusement que j’ai bien dormi la nuit d’avant, sinon je me serais probablement endormi au guidon).
J’arrive à Bingen am Rhein et je me dis que j’ai jugé un peu vite : je comprends pourquoi on a écrit des poèmes sur cette région. Des montagnes à pic qui entourent le Rhin, un château perché sur les hauteurs tous les kilomètres, des vignobles sur les collines et des jolis petits villages. La Lorelei. C’est tout simplement magnifique. J’en oublie même qu’il pleut. Je me demande si je ne peux pas suivre le Rhin un peu plus longtemps pour profiter encore des paysages mais ça me ferait faire un « petit » détour d’une centaine de kilomètres et je me rends compte que malgré tout ce que j’ai décidé je suis tout de même mouillé… Tant pis, je bifurque vers Luxembourg…



Comme je quitte les rives du Rhin, je grimpe. Assez fort même. La pluie n’aide pas mais je finis par arriver sur le plateau. Il est hérissé d’éoliennes: mauvais signe. La pluie se calme mais le vent prend le relais. Génial. Je jette un œil sur la météo qui m’annonce qu’il ne devrait plus pleuvoir jusqu’au soir ! Super. 5 minutes plus tard il pleut tellement fort que je ne vois pas à 5 mètres. Vive la météo ! Je croise un petit vieux pendant une pause qui me raconte qu’il fait encore du vélo à 75 ans quand le temps le permet. Pas aujourd’hui par exemple. On rigole et je repars. Je commence à en avoir plein les jambes et je cherche une forêt où me cacher pour la nuit. Mission accomplie à la nuit tombante, je parviens à monter la tente dans le noir (la force de l’habitude j’imagine), un dîner et au lit !
Le lendemain je me réveille tard (vers 7h30) et il fait toujours nuit… Ça me change de cet été… Il fait froid aussi donc je remets l’équipement intégral. En plus je commence ma journée par une grosse descente et la Suisse m’a appris à me méfier du froid dans ces cas là… Je rejoins la Moselle à Bernkastel, un joli petit village au bord de la rivière. Le GPS me recommande de couper tout droit vers Luxembourg mais je décide de suivre la Moselle à la place : bien m’en prend ! C’est plat, au soleil, très joli et je n’ai qu’à tendre le bras pour cueillir une grappe de raisin pour manger pendant mes pauses.




Je traverse une nouvelle frontière et rentre au Luxembourg (9ème pays depuis le départ). Je trouve un panneau pour faire la traditionnelle photo et me lance à l’assaut des dernières collines avant d’arriver chez Laura et Adrien. Adrien vient d’ailleurs me chercher à vélo (deuxièmes retrouvailles sur la route, un petit raté cette fois-ci mais rien de grave) et on fait les derniers kilomètres ensemble. On va même jusqu’à échanger nos vélos (j’ai l’impression de voler sans mes 30 kilos de bagages) ! Petits ennuis mécaniques en fin d’étape : je crève (mais avec le vélo d’Adrien donc je ne sais pas si ça compte pour les stats), je me rends compte que mes plaquettes de freins sont mortes et qu’un de mes rayons est cassé (pourtant je me suis allégé à Barr…). On fera réparer tout ça sur la route lundi matin, mais avant ça raclette, jeux de société et repos dominical bien mérité !



Lundi matin, nouveau départ. Première étape : un atelier de réparation de vélo pour changer de rayon. Je pars sous la pluie en me demandant 1. Si le magasin est ouvert (informations contradictoires entre Google et le site internet) 2. Si la roue va tenir. Au final tout se passe bien et j’ai vite un rayon tout neuf ! En revanche je me rends compte dans la montée suivante que le dérailleur n’a pas été réglé correctement (le réparateur a dû toucher quelque chose en changeant le rayon) et je manque de casser ma chaîne. Heureusement, j’ai eu un cours de réglage de dérailleur chez Coco et je peux le faire tout seul comme un grand. Je suis la piste cyclable dans la forêt, c’est parfois un peu glissant (je dois pousser dans une montée et j’hésite à le faire dans une descente) mais globalement assez agréable. Je passe en Belgique sans m’en rendre compte (pas de photo-frontière cette fois) et j’arrive à Bastogne. Je passe aussi le kilomètre 7.000 ! Dans quelques années, il y aura une course cycliste, la fameuse classique Pélunaise, entre Sète et Bastogne, qui fera exactement 1.000 km : il suffira de changer les lettres sur le rond-point…


La Belgique ! Je traverse les Ardennes. La forêt est belle. Il y a des bouts de tanks ou de canons dans tous les villages que je traverse. Il y a aussi au moins un arbre qui s’appelle Roi Baudoin dans chacun de ces villages. On ne parle pas de déchetterie mais de parc à conteneur (ça me fait penser à un parc d’attractions pour conteneurs… on rigole comme on peut). On ne parle pas non plus de Véloroute mais de RaVEL (route à vélo j’imagine, ça me fait rire aussi). Je traverse Thon et Jambes. Les gens me sourient et me disent bonjour. Il pleut mais pas trop. C’est vallonné mais pas trop. Il y a du vent… mais pas trop !! Joyeuse Belgique !
Après une nuit sous la tente je rejoins la Meuse avant de la longer jusqu’à Namur puis bifurquer vers Bruxelles. Mon GPS me joue des tours et me fait passer par des chemins à la limite du praticable… Je dois pousser dans la montée et je me mange dans la descente. Un gros coup sur le genou et je dois finir en marchant. Mais dès que la Meuse est là je pédale à nouveau. Comme tout coureur de classique qui se respecte, j’ai le droit à mon petit secteur pavé, Ça secoue ! Puis une longue séquence à travers la forêt et j’arrive à Bruxelles chez Anaïs !


A partir de demain je redescend vers le sud et le beau temps (du moins j’espère)… Et je resterai en France jusqu’à Noel !




Magnifique hommage à la Doyenne et joli secteur pavé. Ton avis sur la côte de La Redoute ? 🙂
J'aimeJ'aime
Une petite date en perspective pour la classique arrivée sur les champs? Qu’on puisse sortir nos banderoles.
J'aimeJ'aime
Heu… dimanche?!?
J'aimeJ'aime
Bienvenu à Rouen !
J'aimeJ'aime
Re
J'aimeJ'aime
Très beau secteur pavé… et de voir la future célèbre course Sete Bastogne.
Achtung aux chutes !!!
J'aimeJ'aime